Les Jeunes centristes de l’Eure s’interrogent sur un extrait de l’avant-projet de loi d’avenir de l’agriculture, présenté en conseil des ministres le 30 octobre 2013, qui remettrait en cause partiellement la double compétence des vétérinaires de prescrire et de délivrer des médicaments aux éleveurs.
Cette compétence issue de la loi du 29 mai 1975 permet aux pharmaciens d’officine, aux docteurs en médecine vétérinaire et à certains groupements agréés de délivrer des médicaments aux éleveurs dans un monopole partagé. Autrement dit, un vétérinaire aujourd’hui peut délivrer des médicaments aux éleveurs pour les « animaux auxquels il donne personnellement des soins ou dont il assure régulièrement la surveillance sanitaire ».
Or, l’avant-projet de loi prévoit d’interdire aux vétérinaires le droit de délivrer des antibiotiques critiques pour lutter contre le phénomène d’antibiorésistance. Si l’enjeu de santé publique est louable, les Jeunes centristes de l’Eure se posent plusieurs questions sur la pertinence et la logique de cet avant-projet :
- Est-il nécessaire d’infantiliser une profession qui a su démontrer par le passé sa responsabilité face aux questions de santé publique en abaissant le tonnage total des ventes d’antibiotiques de 33% en 5 ans ?
- Pourquoi choisir une solution « le découplage » qui a démontré dans d’autres pays qu’elle ne fonctionne pas ? Pourquoi choisir cette solution alors que les pays d’Europe qui appliquent ce découplage consomment plus d’antibiotiques vétérinaires que la France ?
- S’il existe réellement un conflit d’intérêt entre la prescription de médicaments et les considérations commerciales des vétérinaires, pourquoi limiter cette interdiction aux seuls «antibiotiques critiques » ?
- Si la difficulté est due aux contrats de coopération commerciale entre les laboratoires et les vétérinaires qui lient le taux de remise accordé aux vétérinaires au chiffre d’affaire réalisé, pourquoi ne pas plutôt les interdire au lieu de découpler les compétences ?
- Qu’en est-il des conséquences sur le budget déjà précaire des éleveurs qui vont voir augmenter les honoraires (prix des actes et de consultation) vétérinaires puisque la vente des médicaments représentent entre 80 % du chiffre d’affaire des vétérinaires en milieu rural ?
- Qu’en est-il des risques conséquents pour les éleveurs et leurs animaux qui ne pourront plus disposer des médicaments vétérinaires nécessaires, les pharmaciens ne pouvant pas (sans commande) répondre aux besoins urgents des éleveurs en cas de maladie grave d'un animal nécessitant ce traitement ?
Les Jeunes centristes de l'Eure proposent donc deux solutions simples : 1° l’interdiction des contrats de coopération commerciale ; 2° le renforcement des contrôles de remise effective des ordonnances aux éleveurs pour rétablir une concurrence réelle entre les vétérinaires et les pharmaciens et ainsi faire baisser les tarifs dans l’intérêt des éleveurs, tout en assurant un soin effectif des animaux en cas d’urgence.